la fortune et le jeune enfant

Publié le par L'Hocine M.Anis

La Fortune et le jeune Enfant

 


Sur le bord d’un puits très profond,
Dormait étendu de son long,
Un Enfant alors dans ses classes.
Tout est aux Écoliers couchette et matelas.
5Un honnête homme en pareil cas
Aurait fait un saut de vingt brasses.
Près de là tout heureusement
La Fortune passa, l’éveilla doucement,
Lui disant : « Mon mignon, je vous sauve la vie.
10Soyez une autre fois plus sage, je vous prie.
Si vous fussiez tombé, l’on s’en fût pris à moi ;
Cependant c’était votre faute.
Je vous demande en bonne foi
Si cette imprudence si haute
15Provient de mon caprice. » Elle part à ces mots.
Pour moi, j’approuve son propos.
Il n’arrive rien dans le monde
Qu’il ne faille qu’elle en réponde.
Nous la faisons de tous écots :
20Elle est prise à garant de toutes aventures.
Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesures,
On pense en être quitte en accusant son sort.
Bref la Fortune a toujours tort.

 

Jean de la Fontaine

Publié dans livres

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