le piege

Le piège

   Sidi Mohamed Bel Lakhal était un grand marabout des Ouled Si Ahmed, fraction des Ouled Maileb. Un jour qu’il était occupé dans la plaine, au nord du Rocher de sel (Djelfa), un cavalier déboula.

   C’était un « chouaf ». Il annonça qu’une colonne turque était en marche vers eux. Ce soir, la colonne camperait à Guelt Es-Stel ; demain, elle entrera dans le Zahrèz et se divisera en deux.

   Une petite partie se dirigera vers le Rocher de sel mais, le plus gros de la troupe obliquera à l’Ouest, vers Kraà El-Botma, puis vers Gourine, ou les chefs comptaient attaquer les tentes. Sidi Bel Lakhal suggéra un plan qui fut adopté. Un camp fut alors monté au lieudit « Bled raacha », entre Kraà El-Botma et Gourine ; Là, il y avait un îlot de terre entouré d’un sol mou au milieu duquel seul un petit sentier permettait le passage. De jour, un homme du pays peut retrouver son chemin mais de nuit, impossible pour un étranger de ne pas s’y enliser. Les tentes furent donc montées sur l’îlot solide.

   Les Turcs avancèrent comme prévu, ne rencontrant personne sur leur passage. Mais des hommes bien cachés allumaient des feux d’alfa dont la fumée annonçait leur approche. Ils arrivèrent à l’oued Guessob, prés de Kraà El-Botma. Après une halte, ils reprirent leur marche vers l’Oued pour camper prés de Gourine.

   Le soir tombait, sidi Mohamed Bel Lakhal fit allumer de grands feux devant lesquels se profilaient les tentes. Les premiers éclaireurs turcs les ayant vus, rendirent compte à leurs chefs. Ceux-ci décidèrent d’attaquer immédiatement pour surprendre les Ouled Nail.

    Les cavaliers se mirent en ligne et s’approchèrent silencieusement. Arrivés à bonne distance, ils se lancèrent au galop de charge sur ce terrain plat ou aucun obstacle ne les gênait. Mais bientôt, le sol céda sous les sabots des chevaux. Les cavaliers s’enlisèrent.

    Quant aux fantassins et conducteurs de bagages, ils prirent leurs jambes à leur cou.

Nadia AREZKI