L'abordage de la Croix-Morte

Publié le par L'Hocine M.Anis

L’abordage de la Croix-morte (extrait)

 

 

    Je m’avançai, suivant des traces toutes fraiches qui m’indiquaient un chemin à suivre. Je m’étais d’jà glissé sous le couvert d’à peu prés trois cents pas, faisant s’envoler quelques pigeons ramiers et même un grand gosier de pélican, quand j’entendis le chant léger de l’eau qui court… qui tombe et court encore.

   Je m’approchai un peu, sachant déjà qu’une belle eau douce dansait dans ce coin-là. Mais incroyable ! Ce que je vis m’immobilisa autant qu’un menhir qu’aucun vent ne peut faire bouger. J’étais comme à l’affut, caché par quelques branches et par le tronc d’un corossolier. Tel que j’étais, figé mes membres refusant de bouger, on aurait pu me croire prêt pour un meurtre ou un complot. Mais si tout mon corps refusait d’obéir, c’est parce que l’émotion était très grande. Devant moi, Louis se baignait, profitant de l’eau fraiche et pure pour jouer avec elle, tout en lavant son corps.

   Mais…il n’était plus garçon, il était fille !!! Il était elle, et moi qui n’avais jamais vu un corps blanc de fille sans vêtement, j’avais la bouche sèche d’émotion. Il était belle, plus me semblait-il que les Indiennes de l’ile, peintes de rouge ; plus que les jeunes femmes d’Attiembo qu’admirait tout l’équipage. Il était une reine blanche, une reine de lait : il était blanche de lait.

   Le voyant plus lisse qu’un miroir, sa peau m’était une musique faisant silence. Il était là… Elle, oui elle, belle comme une bague d’or jetée par une fée au fond d’une fontaine. Quand elle se rhabilla, j’eus l’impression que sa chemise l’attendait, impatiente de reprendre la forme de son corps.

 

Yves Pinguilly

Publié dans livres

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