La pérousienne (extrait)
La pérousienne
Mille questions se bousculent dans sa tête. Des questions auxquelles Allal n’a pas de réponse. Il réalise que Meriem absente, La Pérouse est désertique. Tout le décor n’a aucun sens. Il commence à s’impatienter, à ne vivre que pour son retour.
C’est en fin de journée qu’il apprend que Meriem est rentrée d’Alger. Alors, il se met à aller et venir devant le portail de la colonie mais il n’aperçut personne. Zoubida entre dans la cour ayant à voir une amie. Il en profite pour l’interroger.
- Elle est fatiguée, répond-elle. Allal n’insiste pas. Le lendemain après midi, alors qu’il prépare une activité pour la veillée, il la voit venir vers lui.
Encore une fois, il s’émerveille de sa beauté, la comparant en son fort intérieur à une grecque avec ses cheveux noir corbeau et son teint blanc. Ses yeux ont une lueur empreinte de douceur et de bonté. Elle a la particularité d’inspirer le respect. Elle avance doucement en se rongeant les ongles. Personne n’a salué l’autre mais leurs yeux l’ont fait à la place de leurs bouches. Malgré la présence de quelques animateurs. Allal n’a d’yeux que pour elle qui parle au compte-gouttes avec une étonnante aisance et une agréable pertinence.
- On y va ? demande-t-il.
Meriem le suit sous une tente. Ainsi isolés, à l’abri des regards indiscrets, il oublie toutes les belles phrases qu’il avait préparées et apprises par cœur pour la conquérir. Il ne lui souhaite pas la bienvenue. Il a tout oublié des bonnes manières. Il est devenu amnésique en sa présence. Il n’y a qu’elle qui existe et qui emplie son monde. Il parvient seulement à sourire.
Assis sur le lit de camp, cote à cote, ils ne peuvent détacher les yeux l’un de l’autre. Ils se regardent fixement et, sans s’y attendre, même s’ils attendent ce moment depuis longtemps, ils s’embrassent.
Pour la première fois, une première pour tous les deux. Allal tombe à la renverse sur le lit et Meriem, et Meriem rouge comme une tomate, sort de la tente, la tête baissée, pressant le pas. Elle rentre chez elle, dans un état second.
Allal, lui ne bouge pas, les yeux fermés, il tente de rattraper ce moment magique qui vient de filer. Le cœur battant à tout rompre, il se rappelle un poème :
« C’est merveilleux l’amour
C’est fantastique
C’est trop compliqué pour
Que ça s’explique
Ça va, ça vient, ça court
C’est merveilleux l’amour
Quand on est dans ses doigts
Notre vie change
Car on a subi sa loi
Qui est un mélange
De tourments, de joies
Vraiment étrange
C’est merveilleux l’amour. »
Adila Katia