le lion devenu vieux
Le Lion devenu vieux
Le Lion, terreur des forêts,
Chargé d’ans, et pleurant son antique prouesse,
Fut enfin attaqué par ses propres sujets
Devenus forts par sa faiblesse.
Le Cheval s’approchant lui donne un coup de pied,
Le Loup un coup de dent, le Bœuf un coup de corne.
Le malheureux Lion languissant, triste, et morne,
Peut a peine rugir par l’âge estropié.
Il attend son Destin, sans faire aucunes plaintes,
Quand voyant l’Âne même à son antre accourir :
« Ah ! c’est trop, lui dit-il : je voulais bien mourir ;
Mais c’est mourir deux fois que souffrir tes atteintes. »
Jean de la Fontaine