Bajazet

Publié le par L'Hocine M.Anis

Bajazet Je le veux. Je me suis consultée. De mille soins jaloux jusqu’alors agitée, Il est vrai, je n’ai pu concevoir sans effroi Que Bajazet put vivre et n’être plus à moi ; Et lorsque quelquefois de ma rivale heureuse Je me représentais l’image douloureuse, Votre mort (pardonnez aux fureurs des amants) Ne me paraissait pas le plus grand des tourments. Mais à mes tristes yeux votre mort préparée Dans toute son horreur ne s’était pas montrée : Je ne vous voyais pas, ainsi que je vous vois, Prêt à me dire adieu pour la dernière fois Seigneur, je sais trop bien avec quelle constance Vous allez de la mort affronter la présence ; Je sais que votre cœur se fait quelques plaisirs De me prouver sa foi dans ses derniers soupirs ; Mais, hélas ! épargnez une âme plus timide ; Mesurez vos malheurs aux forces d’Atalide ; Et ne m’exposer plus aux plus vives douleurs Qui jamais d’une amante épuisèrent les pleurs. Jean Racine

Publié dans théatre

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